PÉTITION BERGER BLANC

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/ #4633 Le projet de loi de Corbeil : "Un Cadeau Sur Mesure Pour l’Industrie"

2011-12-13 16:35

12 Décembre 2011
 "Un Cadeau Sur Mesure Pour l’Industrie"


Author: YaNix | Category: Uncategorized *

Lettre ouverte concernant la loi 51 – Un cadeau sur mesure pour l’industrie



"Avant toute chose, j’aimerais préciser que je ne suis pas un spécialiste. Je baigne dans le domaine depuis quelques 3-4 ans, je lis sur le sujet et je me questionne de plus en plus sur la face cachée des lois qu’on nous concocte après scandales. Je m’intéresse énormément à la problématique des usines à chiots, car ces installations ont une grande valeur symbolique à mes yeux : cela démontre combien la surconsommation est un danger écologique, tant physique que psychique. Lorsqu’on voit à la télévision la fermeture d’une usine à chiots comme celle des 527 chiens(1), la constatation du problème horripile non seulement les spécialistes mais une population entière. Cela frappe l’imagination des gens. On croira de moins en moins les spécialistes du MAPAQ qui nous dit qu’il n’y en a pas tant que ça et de plus en plus le coût social sera énorme – car le contrôle animalier ne cessera de coûter de plus en plus cher aux municipalités et par ce fait même coûtera davantage aux concitoyens que nous sommes (et ce malgré que la situation ne cessera d’empirer d’année en année).
J’aimerais, avant d’entrer dans le vif du sujet, mettre les choses en perspectives. En mai 2011, l’Animal Legal Defense Fund’s statuait que le Québec arrivait bon dernier en matière de protection des animaux au Canada(2). «QUEBEC NAMED BEST PROVINCE TO BE AN ANIMAL ABUSER» : ainsi était titré le rapport publié par l’organisation. Ce rapport arrivait à point nommé quelques semaines après la diffusion télévisuelle qui montrait des pratiques odieuses à l’intérieure de la fourrière privée Le Berger Blanc(3). Donc, le MAPAQ qui, affirme-t-on, planchait sur le projet de loi depuis quelques années, devait commencer à sentir l’étau se resserrer davantage. Je tiens à préciser que la loi P-42 (Loi sur la protection sanitaire des animaux) avait été adoptée en 2004 (4). À l’époque, Johanne Gouin et Patricia Tulasne avaient remis une pétition contenant des milliers de signatures à la ministre Françoise Gautier demandant que cette loi soit appliquée dans les plus brefs délais.

La loi étant ce qu’elle est (incomplète et permissive), nonobstant le fait qu’elle donnait enfin un cadre d’action pour Anima Québec(5), elle se révéla inefficace pour enrayer le fléau des abus au niveau des élevages intensifs. De plus, les sanctions qui pouvaient être émises aux malfaiteurs n’étaient pas assez dissuasives. Un éleveur qui était incapable d’assurer le bien-être de « ses » animaux pouvait, au pire, avoir une interdiction de faire de l’élevage pendant une période dérisoire de 3 ans. (Sur ce point, je pense qu’il n’y aura pas de changement dans la refonte de ladite loi.)

De ce que je sais, pour l’instant, de la loi 51, je puis affirmer que sur plusieurs plans c’est un pas en avant. Cette lettre là n’a pas comme visée de ternir les petites avancées dans le domaine. Je veux plutôt signifier et partager mes inquiétudes concernant une industrie qui a un gros poids dans la balance, plus gros que celui des activistes et spécialistes qui dénoncent la prolifération des animaux de compagnie, par les achats compulsifs et leurs abandons.

D’entrée de jeu je dirais qu’il faudrait que le MAPAQ suive l’exemple de la Suisse et mette en exorde la phrase suivante : «Les animaux ne sont pas des objets.»(6) Évidemment, une telle phrase ne fait pas loi mais juridiquement fait poids : c’est reconnaître, à un certain niveau, qu’un animal a des droits. Les éleveurs intensifs ont non seulement l’appui de l’industrie des animaux de compagnie, ils ont aussi un outil puissant pour assurer leur défense : la charte des droits du libre-échange. En cela, si les animaux sont considérés comme des biens (des objets) et qui en sont les propriétés d’une entreprise, la défense des animaux se trouvent court-circuitée et cela rend difficile l’application de la loi du bien-être des animaux et celle de la protection sanitaire des animaux. Cette déficience sur le plan juridique me laisse un peu froid à la refonte d’une loi et me laisse songeur face aux machinations qui pourraient en profiter.



Lors du Salon National des Animaux de Compagnie 2011, je me suis entretenu avec le nouveau directeur d’Anima Québec, Michel Talbot, et son collègue vétérinaire Michel Noël. Ce dernier était bien plus apte à répondre à mes questions et à mes inquiétudes – il semble qu’il s’était minutieusement préparer aux possibles assaillants qui leurs reprochent de manquer de vigueur. Monsieur Noël est, de son propre aveux, intraitable face aux « délinquants » de la condition animale : il ne leur fera pas de cadeaux. Toutefois, je fus un peu sceptique lorsqu’il exposa un postulat qui va, à mes yeux, à contresens de la réalité : «C’est pas le nombre de chiots qui est important, mais leurs conditions. S’il y a une personne qui est capable de bien gérer une exploitation de quelques centaines de chiots et que l’aspect sanitaire est okay, c’est okay avec moi itou.» Il semble qu’on s’enligne vers une éthique de tolérance vis-à-vis les éleveurs intensifs « corrects » et qu’on n’appelle pas cela une « usine à chiots »…



Mais qu’est-ce qu’une usine? N’est-ce pas un bâtiment ou un ensemble de bâtiments dedans lequel (ou lesquelles) on reproduit un « objet » en grande quantité? N’est-ce pas un complexe qui mise sur l’expansion et dont la productivité est l’activité centrale de ce genre d’entreprise?



Document-affiche de Massacre Animal

Bref, je fus estomaqué, voire choqué, d’entendre le ministre Corbeil (7) de partager ce même postulat au travers des médias. Il semble que ce soit le nouveau mot d’ordre. N’est-ce pas, toutefois, incohérent de ne pas s’offusquer face à l’élevage intensif des animaux de compagnie alors qu’on a un problème fastidieux d’abandons des animaux (500 000 par année – 5 fois plus élevé qu’en France) et que l’on en produit – des chiots – 400 000 par année?



Cette prolifération, que les animaux se retrouvent dans un foyer ou dans un refuge, profite largement à l’industrie des animaux de compagnie. N’est-ce pas étonnant que dans le comité d’experts, dont le ministre Corbeil fait allusion dans les médias, on retrouve des représentants d’une association qui fait du lobby pour l’industrie des animaux de compagnie? Était-ce ce genre d’experts qu’on aurait souhaité avoir pour remettre le Québec – ou plutôt mettre le Québec – dans la bonne voie?

J’en doute énormément."

Pétition contre les usines à chiots au Québec: http://www.nonauxusinesachiots.com/petition.php?mid=54

Tiré du site "LES CHIENS BLEUS"

Bravo à l`auteur !