Manifeste affirmant le caractère un et divers de la langue d'Oc

,Ive Gourgaud

/ #308 Paradoxes, paradoxes

2012-10-08 13:20

Je voudrais répondre à la fois à B. Peiras et à JF Brun (en francimand: toujours le souci de la diversité, de la pluralité!)à propos de ma "détestation" (j'accepte le mot) de l'occitan référentiel. Je vois un paradoxe ici:
Si l'occitan ce n'est que la "somme mathématique" de parladures concrètes (l'auvergnat, le provençal, etc), alors l' "occitan référentiel" sera SOIT UNE NOVLANGUE ou un MESCLADIS (ce qui, je crois, vous fait autant "horreur" à vous qu'à moi: un petit mot provençal suivi d'une belle expression béarnais puis qu'une forme phonétique auvergnate... On peut adorer le cassoulet ET la bouillabaisse, mais le mélange des deux comme plat principal, non merci !; SOIT C'EST UNE DES FORMES CONCRETES DE LA LANGUE, promue au rang de "réferentiel", et c'est de cal qu'on parle, non ? Or cette forme concrète "réferentiell", C'EST BEL ET BIEN DU LANGUEDOCIEN !!
D'où le second paradoxe, lié à celui-ci: quand JF Brun nous assure, la main sur le coeur, qu'il ne peut s'agir EN AUCUN CAS de languedocianiser la Provence, mais qu'il assuree tpout aussi fermement que ce "référentiel" est UTILE ET INTERESSANT, je suppose bien qu'il entend le voir utiliser en provence comme partout ailleurs, non? Donc c'est bien une forme de languedocien qui serait utilisée en Provence, d'où le paradoxe que je relève ici et que les provençalistes, vous vous en doutez, savent et sauront bien exploiter pour "démontrer" le caractère retors de votre action !!
Et puisqu'on on en est aux paradoxes, je me premets de vous présenter encore celui-ci: j'ai cru comprendre que pour vous la graphie mistralienne est parfaitement adaptée et digne quand elle s'applique au provençal, mais qu'elle l'est beaucoup moins ailleurs, en Languedoc par exemple. D'oùvoytre travaiul de retranscription de Langlade par exemple, ou de Deleuze. Soit.
Donc pour vous la graphie LIS OME est parfaitement digne et incontestable, alors que la graphie LOUS OME (cévenol central et méridional, y compris LUNEL) serait au contraire "moins digne" et donc contestable au point de vouloir la "dignifier" en la remplaçant par "los òmes" ??
S'agissant selon vous de la même langue et de deux dialectes voisins donc très proches, j'avoue mon incompréhension devant ce nouveau paradoxe, qu'on appellera "paradoxe vidourlenc"
Pour le premier paradoxe relevé (l'oral serait plus facile à comprendre que l'écrit, à cause de la graphie mistralienne), j'ai apprécié l'argumentation de B. Peiras je crois sur la contextualisation orale, mais je rappelle quand même que cette contextualisation existe aussi à l'écrit, et que là encore le "facteur temps" joue contre votre thèse: la parole s'envole, l'écrit reste devant les yeux du lecteur.
D'ailleurs l'ambiguité fait partie de la construction linguistique: le segment "la porto" est soit nominal, soit verbal selon le contexte et seulement selon lui. DE la même façon, c'est encore lui qui décidera que le segment verbal "la porto" signifie "il la porte" ou "elle la porte"
Dernier paradoxe (ouf!), celui que vient de relever Eric Gonzalès, qui ne me sembla pas être un anti-occitaniste et anti-unitariste invétéré comme moi (je plaisante!) Mais le propos est sérieux: en cas de reconquête linguistique,faut-il partir d'un "référentiel" ou de la langue concrète parlée sur le territoire occitanien concerné ? Et si c'est pour une reconquête à Paris ou au Japon (hors du territoire concret de la langue), pourquoi vous emm... à forger un référentiel qui existe depuis 150 ans, celui qu'offre le Prix Nobel de Littérature, celui dont Philippe Martel a dit que "sans lui, nous n'existerions pas" ? Avouez que là encore, vous donnez de fameuses armes à vos adversaires provençalistes qui voient dans cet entêtement à défendre votre "référentiel" soit un crétinisme absolu soit un anti-mistralisme obtus (et j'en connais même qui vous attribueraient volontiers l'un et l'autre de ces péchés!!)