Bonjour,
Je vais apporter ma petite contribution à ce débat.
J'ai 40 ans, cadre dans le privé, 2 enfants en primaire.
1) Les instits mal aimés
Je m'interroge. Dans toutes mes discussions avec mes amis, ou au boulot avec mes collègues, je n'ai jamais rien entendu qui ressemble de près ou de loin à "les instits sont des fainéants"
(Et pourtant je vous garantis que c'est du CSP+ qui vote ultra majoritairement à droite. :))
Ce boulot est difficile, voir très difficile, et vous avez une grosse pression en classe. Dans le privé, c'est le boss qui sert d'exutoire.
Votre hiérarchie étant inexistante, et ne pouvant pas vous défouler sur les enfants, ne vous restent que les parents ou le ministre pour incarner les problèmes de l'école.
Alors forcément quand le ministre est de gauche... Pourtant les parents ont globalement les même intérêts que vous.
C'est frappant à la lecture de ce blog. On trouve évidemment 2/3 excités de chaque coté, mais même les PE modérés semblent persuadés que les parents ne les comprennent pas.
Et c'est d'autant plus étrange que le traitement de l'incompréhension est pourtant le coeur de votre métier. :)
Quand un enfant ne comprend pas, vous vous dites "quels mots vais-je employer pour me faire comprendre ?", pas "il me méprise !". Faites pareil avec les parents, ce ne sont jamais que de grands enfants.
2) les conditions de travail
Au premier rang desquelles, le salaire.
On a toujours l'impression avec les enseignants que vous n'osez pas dire que vous voulez du fric.
Du coup, vous essayez de nous enrober vos revendications derrière des termes vagues comme "la défense de l'école" ou "le bien des enfants".
Mais il n'y a pas de honte à avoir. Le PE est peu payé au regard de son temps de travail. Le prof de collège est peu payé au regard du niveau d'étude exigé.
Là où ça devient problématique, c'est quand on exige du bac+5 pour des PE, ce qui est complètement débile, surtout que le concours ne justifie pas ce niveau de connaissance.
Dès lors, combien de jeunes bac+5 vont accepter d'être payés 1500 € par mois avec pour seul horizon une progression d'escargot ?
Ensuite, les postes.
Je suis horrifié par l'organisation de l'EN. La maitresse de mon fils prévenue le jour de la rentrée à 8h15 de l'endroit où elle devait faire cours à 9h.
Ben oui, la titulaire était en arrêt... maternité ! Signalé et prévisible depuis 5 mois, pas une fièvre de la veille au soir ! Bravo les gars !!!
Les débutants qui se retrouvent sur 3 classes dans 3 écoles différentes à chaque bout du département, c'est n'importe quoi.
Qu'on commence déjà par rationnaliser tout ça, ça ne coutera pas un rond.
Interdire les 1/4 et les 3/4 de temps, ne plus autoriser que les temps complets et les mi-temps => Plus de prof sur 3 voir 4(!) classes.
Ca c'est l'intérêt des élèves. Comment croire que le prof, qui doit préparer des séquences pour 3 niveaux différents pour des classes qu'il partage avec d'autres profs qu'il ne croise jamais, pourra faire du bon boulot ?
Surtout que ces postes de m..., bien sûr c'est pour les débutants !
3) Les rythmes scolaires
Ce qui m'impressionne toujours dans ce débat, c'est que l'intérêt de l'enfant semble se limiter aux connaissances qu'il contient, comme un dictionnaire en quelque sorte...
Moi j'ose dire qu'apprendre une poignée de choses en plus à l'école le samedi matin n'est pas dans son intérêt si cela revient de fait à le priver de ses grands parents qui habitent à 500 km.
Un enfant a besoin d'avoir une vie sociale (amis, famille) en dehors de l'école, il a besoin de jouer, il a besoin de regarder un peu la télé (si, si !), il a besoin de plein d'autres choses.
Si c'est pour en faire un polytechnicien autiste, non merci.
Perso je récupère mes enfants à l'école, on arrive à la maison à 18h45, je commence par recorriger les devoirs même si cela a déjà été (mal) fait à l'étude.
Et clairement, 15min ça va, mais je refuse que cela dure plus. Car ensuite il y a les bains, le repas, le jeu (ET OUI JE VEUX QUE MES ENFANTS SE DETENDENT), la chambre à ranger, et le dodo à 21h.
2h, rien de trop pour faire tout ça.
Le mercredi matin travaillé ça ne changera rien pour les miens qui passeront toujours autant de temps à l'école, vu que mon boss ne me laissera pas partir 30 min plus tôt pour faire plaisir à M. Peillon.
On touche là aussi le problème des associations de parents d'élèves, tenues à 95% par des mères au foyer qui ne comprennent pas ce point de vue...
4) La productivité.
Ouh le vilain gros mot ! Et pourtant... La nation dépense bien plus d'argent qu'elle n'en a (environ 20% chaque année), la tendance ne peut être qu'à la baisse.
La seule solution si on veut augmenter le niveau des élèves, c'est donc de réussir à faire mieux avec pas plus, voir moins.
Je m'intéresse beaucoup à l'EN et ce qui me choque le plus, c'est le manque de cohésion entre les PE.
Beaucoup de PES dénoncent le manque de soutien (voir carrément la mise à l'écart) de la part des titulaires.
Chaque prof décide librement de comment il enseigne, il prépare ses courts seul dans son coin.
Certes c'est plus intéressant pour lui, mais est-ce le plus efficace ? Quand je dirigeais un petit service, chacun de mes collaborateur avait son périmètre, mais tout le monde appliquait les même procedures.
Si un d'entre eux avait une bonne idée, elle devenait alors un standard impératif pour les autres. Pourquoi constamment réinventer la roue ?
Voilà quelques pistes de réflexion...
Pour ma part, j'attends mes résultats aux écrits du CRPE, prévus pour après demain. :)