Pour le départ immédiat dans une autre dimension de Nadine Morano


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/ #16 Re:

2012-01-25 09:55

#1: -  

 

Elle plaisante sur Morano et est licenciée pour faute grave

Anthony Cerveaux | Journaliste

  • « Je veux des suites à ce dossier », avait prévenu la ministre, qui a surpris, début avril, Albane, vendeuse au Printemps de Nancy.
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Le 9 avril, Nadine Morano, ministre de l'Apprentissage et de la Formation professionnelle, fait des emplettes au Printemps de Nancy (Meurthe-et-Moselle), en compagnie de sa fille et... d'un garde du corps. La présence du cerbère suscite quelques plaisanteries des employées. Plaisanteries qui se soldent par un licenciement pour faute grave, pour l'une d'entre elles.

Albane, 36 ans, responsable du stand Kookaï, raconte :

« En plaisantant, un de mes collègues a affirmé qu'il pourrait le mettre en deux temps, trois mouvements par terre.

On arrivait alors devant la porte de service qui mène aux coursives du Printemps. J'ai répondu que pour se mesurer à lui, il fallait d'abord casser la gueule à Mme Morano. »

La ministre se trouvait juste derrière à ce moment-là. Albane et ses collègues restent interdits :

« On ne l'avait pas vue, elle n'a entendu que la fin de la discussion. Elle s'est énervée et a rétorqué : “Allez-y si vous voulez me casser la gueule, je vous en prie, je suis là.” »

Nadine Morano : « Je n'en ai rien à foutre mademoiselle ! »

Albane s'est alors vivement excusée. Une version que confirment deux témoins :

« Elle s'est très largement confondue en excuses. Elle a reconnu que, même en plaisantant, c'était une bêtise. Elle n'a pas du tout fait exprès pour entrer en conflit avec elle. »

Albane, déconcertée :

« Je m'attendais à ce que Mme Morano prenne un peu de hauteur et me dise : “Faites attention à votre langage.” C'est pourquoi j'ai réitéré mes excuses en disant que je ne voudrais vraiment pas perdre mon travail. »

Selon Albane, la ministre lui a alors répondu, hautaine et avec dédain :

« Je n'en ai rien à foutre mademoiselle ! Vous n'aviez qu'à mesurer vos propos. Si j'avais été votre employeur vous auriez été licenciée sur-le-champ ! »

« Elle a donné sa carte du ministère »

Nadine Morano a alors demandé un responsable, puis les coordonnées du directeur du Printemps, absent ce jour-là. « Elle a également donné sa carte du ministère en disant : “Je vous préviens, je veux des suites à ce dossier” », indique Albane.

Cette dernière a été priée de quitter le magasin afin que la ministre et sa fille terminent leurs achats sans être en contact avec l'employée.

Jointe par Rue89, la direction du Printemps de Nancy refuse de commenter.

Albane : « Ils n'ont tenu compte que de la version de la ministre »

Inquiète pour son travail, Albane a immédiatement contacté la responsable régionale de Kookaï pour lui faire part de sa version des faits.

« Le lundi [11 avril, ndlr], ils me contactent pour me dire qu'ils vont essayer de me recaser dans un magasin Kookaï.

Et puis dans la foulée, ils me rappellent pour me dire que je suis mise à pied à titre conservatoire. »

Trois jours après, la jeune femme reçoit un courrier. Elle est convoquée au siège de Kookaï à Paris le 21 avril. Arrivée à l'entretien :

« Je n'ai même pas pu m'expliquer. D'emblée, la direction m'a dit que mon comportement avait été inadmissible et que j'avais jeté l'opprobre sur le Printemps et la société Kookaï.

Ils ont seulement tenu compte de la version de Mme Morano et ont précisé que ça n'avait rien à voir avec l'importance de la cliente, ce dont je doute fortement. »

Joint par Rue89, Kookaï aussi refuse de commenter.

Un témoin : « Il n'y a eu aucune attaque personnelle »

Le 27 avril, Albane est licenciée pour faute grave. Le courrier mentionne des « insultes et des injures » envers la ministre et stipule que l'employée a invectivé personnellement Nadine Morano depuis son stand Kookaï.

 

Faux, selon un des témoin :

 

« La version rapportée dans la lettre de licenciement est complétement erronée. En aucun cas, il n'y a eu aucune attaque personnelle d'Albane envers Mme Morano. » (Télécharger la lettre)

Par ailleurs, Albane constate qu'aucun des faits rapportés par sa version n'est présent dans le courrier. « Ils ont seulement repris la version de Mme Morano », regrette t-elle.

« Je ne pensais vraiment pas que ça en arriverait là. Lorsque je suis allé à l'entretien, la déléguée syndicale m'a dit qu'il y avait déjà eu des cas comme ça avec des blâmes ou des avertissements, mais jamais de licenciement. Pour elle, c'était une décision démesurée. »

« Avec ce dossier, comment je vais retrouver du travail ? »

Albane a un enfant, et des traites à payer. Elle est aujourd'hui au chômage et craint de ne pas pouvoir retrouver un emploi :

« Quand on est responsable de boutique, le nouvel employeur appelle toujours l'ancien pour une recommandation. Imaginez avec ce dossier, comment je vais retrouver du travail ? »

Un sentiment que doit comprendre Nadine Morano qui déclarait encore, le 5 mai, sur BFM-TV, en apostrophant Jean-Jacques Bourdin :

« Quand vous êtes victime du chômage, M. Bourdin, vous croyez que c'est pas une source d'angoisse.. » (Voir la vidéo, à la sixième minute)

Avec une lettre d'attestation des deux témoins, Albane a décidé d'attaquer la société Kookaï devant les prudhommes pour licenciement abusif.

« Profondément choquée par cette interpellation menaçante »

Le cabinet de Nadine Morano a d'abord indiqué qu'elle ne souhaitait faire « aucun commentaire sur cet événement ».

Puis dans la soirée la ministre a publié un communiqué où elle raconte qu'au moment de prendre sa pause, la vendeuse aurait crié :

« Il y a Nadine Morano dans le magasin, si quelqu'un veut aller lui casser la gueule. »

« Profondément choquée par cette interpellation menaçante, insultante et blessante“la ministre précise avoir ‘demandé des excuses à cette vendeuse en rappelant le droit au respect pour tout client, quel que soit son statut’.

Selon elle, l'employée a ‘reconnu la gravité de ses propos déplacés en présence de la directrice adjointe du Printemps et a fait part de ses excuses’.

‘Les faits en sont restés là’,insiste Nadine Morano, en précisant que le licenciement de la vendeuse ‘relève de la seule appréciation et de la seule responsabilité de son employeur’, avec lequel elle n'a eu ‘aucun contact’.

Une visite privée au Louvre, pour sa fille

La ministre s'était illustrée au début du mois de mai en exigeant, dans l'heure, une visite privée et accompagnée du Louvre pour sa fille et une amie.

Une demande pour une visite VIP à 500 euros qui s'était retrouvée dans Le Canard enchaîné (édition du 18 mai), conformément à la prédiction de l'administrateur général du Musée.

 ? Mis à jour le 30 mai à 22h30. Ajout du communiqué de Nadine Morano