"Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes." (Bossuet)
Une bonne partie d'entre vous doit certainement chérir les valeurs du socialisme, du syndicalisme et de la plupart des mouvements de gauche en France (et à travers l'Histoire) : vous avez voté, en connaissance de cause supposée, pour "plus" d'égalité ; il ne fallait pas s'attendre à être épargnés.
Je suis khâgneux, et je trouve cette réforme ridicule, pour de multiples raisons qui ont été évoquées maintes fois. Mais je ris intérieurement, peut-être sadiquement, de voir certains commentaires du style "vous décevez votre électorat, qui croyait en vous" blablabla. Vous saviez tous très bien que Peillon était pressenti pour être ministre de l'éducation nationale, et si vous vous étiez intéressés un tant soit peu à son parcours, à ses ouvrages, à ses principes philosophiques (n'oubliez pas qu'il est agrégé de philosophie), vous ne seriez pas là en train de maudire le bougre. Peillon est un laïcard, profondément anti-catholique, qui considère la laïcité non pas comme un principe pacifique de cohabitation des religions, mais comme une religion non-révélée (qui a dit franc-maçonne ?) destinée à procéder à la "révolution spirituelle" et à supprimer de l'espace public, autant que de l'espace des consciences, toutes les religions dites révélées. Vous vous seriez aperçus qu'il soutient non pas l'égalité, mais l'égalitarisme ignoble qu'on nous force à accepter et à encenser partout (sinon nous sommes fascistes et anti-républicains). Enfin, vous auriez compris que, tôt ou tard, votre statut serait attaqué (injustement, je tiens à le repréciser) parce qu'il participe d'une trop grande différence quantitative en terme de salaire avec ceux des autres enseignants.
Il faudrait, à mon sens, s'attaquer à tout le système de l'éducation nationale pour pouvoir permettre et faire accepter des réformes structurelles comme celle proposée par le Ministère. Pourquoi un agrégé (enseignant dans le secondaire) gagne-t-il plus qu'un certifié, tout en ayant une plus faible obligation de service ? Ne fournissent-ils pas le même travail, surtout lorsqu'ils enseignent tout deux dans un lycée ? Gagner plus est compréhensible : concours plus dur, plus d'argent. Mais travailler moins est injustifié.
Il faudrait s'attaquer aussi aux établissements privés sous contrat, qui, rappelons-le, du fait que le chef d'établissement ne soit pas choisi par le recteur de l'académie, et n'ait donc aucune obligation devant celui-ci, permettent que des profs soient devant 4 voire 5 élèves dans les pires situations. Ou pire, que ce même chef d'établissement puisse gérer les heures de service des professeurs sua sponte ! Que ces établissement reçoivent les mêmes subventions que les établissements publics, mais ne soient pas soumis aux mêmes restrictions budgétaires, et puissent, ainsi, procéder à des réformes de structure de sorte à faire des classes regroupant des niveaux différents, ou l'inverse, à faire des classes ne comptant qu'un nombre ridicule d'élèves.
Ce sont à mon sens les véritables problèmes contre lesquels vous, professeurs de CPGE, vous devriez vous prononcer, et non pas attendre, dans l'inquiétude digne des ministres de la III République, qu'on s'en prenne à vous.
En soutenant votre initiative sincèrement, mais en ayant plaisir à constater la destruction d'un idéal gauchiste par la même occasion, je vous souhaite bien du courage pour mener à bien votre initiative.
PS : petite pensée aux prostituées qui, elles aussi, risquent d'être payées moins, et devront travailler encore plus.
Poissant Pierre.