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/ #4084 SOUTIEN A DSK -

2011-09-14 14:57

DSK a-t-il une version secrète à révéler ?
Le siège dont le couple Strauss-Kahn a fait l’objet depuis son retour en France, le 4 septembre dernier, montre le degré d’inconscience ou de stupidité des médias qui le poursuivent. Croient-ils vraiment, ces naïfs, que DSK puisse obéir à leurs injonctions quand il entre ou sort de chez lui : « Un mot, M. Strauss-Kahn ! » ?


Un journalisme publicitaire, humiliant et coûteux

On l’a déjà entendu leur répondre, lors de sa libération à New-York, alors qu’il peinait à ouvrir la porte de son domicile, qu’il allait bien comme quelqu’un qui avait du mal à enlever sa clé de sa serrure (1) ! Comment des journalistes n’ont-ils pas conscience du rôle humiliant qu’ils jouent ? Quelle image de la profession que de se prêter à n’être que les porte-micros ou les publicitaires d’un homme politique !

Ce qui sidère encore plus, c’est le coût d’un pareil harcèlement dont il est évident qu’il ne fera pas dévier d’un pouce la stratégie de communication de l’intéressé, conseillé par des experts en la matière. On dit les médias endettés. Mais que ne commencent-ils par faire des économies en s’épargnant cette mobilisation inutile de journalistes faisant le pied de grue à la porte des Strauss-Kahn, puisqu’il est entendu que nul ne peut prétendre dicter sa conduite à un homme politique attaché à soigner son image, surtout après l’humiliation planétaire qu’il a subie avant d’être innocenté par le procureur de New-York ?

Sans doute va-t-il parler, maintenant qu’il est en France. Il ne peut pas ne pas le faire après la tornade judiciaire qui s’est abattue sur lui et qui l’a présenté à la planète entière comme un « coupable présumé » pendant trois mois. Mais qui peut croire un instant qu’il n’en choisira pas lui seul le moment opportun, quelles que soient les mouches du coche journalistiques vibrionnant autour de lui ?

Vraisemblance et représentation fidèle de la réalité

Plusieurs hypothèses pouvaient être avancées à l’annonce de son retour. On pouvait croire, par exemple, que sitôt le pied sur le sol de France, il allait réunir une conférence de presse et livrer sa version des faits, car, - faut-il le rappeler ? – il ne l’a toujours pas donnée.

Sa stratégie de défense a seulement visé à contrer les accusations portées contre lui.

Or, on sait que sous un faisceau d’accusations vraisemblables qui peuvent être calomnieuses, une représentation des faits la plus fidèle possible à la réalité n’est pas forcément la réplique adéquate à apporter pour les réfuter. Il convient souvent, au contraire, de se placer dans le contexte de vraisemblance et non de représentation fidèle de la réalité pour neutraliser une calomnie.

1- Ainsi, accusé d’une agression sexuelle violente envers Mme Diallo, employée de l’Hôtel Sofitel à New-York, a t-il convenu qu’une relation sexuelle avait bien eu lieu mais réciproquement consentie, puisque l’accusation soutenait que des traces d’ADN de DSK avaient été retrouvées sur les vêtements de Mme Diallo.

2- D’autre part, pour neutraliser le conflit survenu après la relation sexuelle consentie, DSK a accusé à son tour son accusatrice d’un chantage financier qui expliquait la procédure judiciaire lancée contre lui après son refus d’y céder.
Mais aussi bien il se peut qu’aucune relation sexuelle n’ait été consommée ni un quelconque chantage financier exercé. Ces deux arguments n’ont visé qu’à réfuter les calomnies supposées de l’accusation et sortir du guêpier judiciaire.

Une déclaration attendue différée

Pourquoi DSK n’a-t-il pas fait ce choix d’une déclaration immédiate dès son retour ? Plusieurs hypothèses peuvent être avancées.

1- D’abord, différer l’instant d’une déclaration contribue à créer une attente. DSK peut avoir voulu choisir « une fenêtre » de réceptivité maximale de son message sans avoir à souffrir d’interférences. La semaine qui suivait son retour en France a été celle de la commémoration des attentats du 11 septembre 2001 et les médias en ont fait des tonnes : France Inter s’est déplacé à grands frais sur les lieux pour mieux stimuler le réflexe de voyeurisme en courant après les familles des victimes.

2- Il n’est pas impossible que DSK ait été aussi dans l’attente des conclusions d’enquêtes menées par ses avocats.

3- Ou alors, il n’a rien d’autre à dire que ce qu’il a révélé en cours de procédure. Et dans ce cas, l’hypothèse de l’agression sexuelle resterait plausible, même si elle ne peut être prouvée puisque, c’est parole contre parole entre agresseur et victime supposés.

Une déclaration décisive pour trancher entre les deux hypothèses

La déclaration annoncée que DSK s’apprête donc à faire, sera décisive pour son avenir.

1- Ou il ne livre rien de nouveau et confirme, ce faisant, que sa version se limite à ce qu’il a reconnu devant la justice américaine, relation sexuelle consentie et tentative d’extorsion financière. Dans ce cas, le doute sur ce qui s’est passé dans la chambre 2806, le 14 mai 2011, persistera : la réputation de DSK en restera durablement affectée.

2- Ou, au contraire, il livre des informations qui tendent à faire comprendre pourquoi ce scandale a éclaté un 14 mai 2011 et pas avant, à la veille d’échéances capitales pour lui – la réforme du FMI avec création d’une nouvelle monnaie internationale sous son égide, et sa candidature à la présidence de la République française - alors qu’il était pourtant sur le qui-vive, comme l’ont décrit certains témoignages - et l’affaire est relancée mais dans une autre direction : devient alors plausible l’existence d’une machination dont Mme Diallo n’aurait été que l’agent d’exécution d’un groupe clandestin. On n’imagine pas, dans ce cas, que DSK ne veuille pas faire toute la lumière puisque c’est son honneur et son avenir qui sont en jeu.

3- Reste toutefois une troisième solution : s’il se contente d’une déclaration reprenant ses aveux devant la justice américaine, ou qu’il présente ses excuses comme il l’a fait devant le personnel du FMI, sans pouvoir faire autrement sur le sol étatsunien, il peut aussi vouloir attendre le moment propice au cours de la campagne électorale française pour faire des révélations qui mettraient l’adversaire politique en difficulté.

Depuis le début de cette affaire, on s’est gardé de trancher en faveur de l’une des deux hypothèses qui pouvaient expliquer l’énigme qu’elle recélait, l’agression sexuelle ou la machination (1) . La procédure américaine n’a fait entendre pendant trois mois que la version de l’accusation que la stratégie de la défense se devait exclusivement de contrer, sans se soucier de la représentation fidèle de la réalité, mais seulement de la vraisemblance de sa riposte à des griefs qui pouvaient être calomnieux. On maintient cette position d’équilibre comme on s’avance sur un chemin de crête vertigineux entre deux abîmes, tant que DSK n’aura pas livré sa version. Mais, maintenant que les accusations portées contre lui ont été levées par le procureur de New-York et qu’il est en France, on peut supposer que sa parole est désormais libre et qu’il détient des informations gardées jusqu’ici secrètes qu’il ne pouvait révéler jusqu’ici. Sinon, le soupçon d’agression sexuelle restera comme une tâche indélébile, même si elle n’a pu être prouvée. Paul Villach

(1) Paul Villach, « Les DSK s’escrimant à ouvrir leur porte close : un clip publicitaire ? », AgoraVox, 7 juillet 2011.
(2) Pierre-Yves Chereul, « L’affaire DSK, deux hypothèses pour une énigme », Éditions Golias, Lyon/Villeurbanne, juin 2011.