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2011-10-06 20:18

Le coup de sang de Serge Raffy : Valérie et les grandes oreilles
Publié le 06-10-11 à 15:08 Modifié à 18:04 par Le Nouvel Observateur 3 réactions

Des fonctionnaires des RG chargés de surveiller DSK : rumeur folle ou renseignement "hors cadre" ? La concomitance avec l'affaire Valérie Trierweiler est troublante.

Valerie Trierweiler en septembre 2010. (Sipa/Lorenvu)

RéagirIl y a quelques semaines, une source très sérieuse de la préfecture de police de Paris me révélait une information à laquelle je n'ai cru qu’à moitié. Selon mon interlocuteur, plusieurs fonctionnaires des RG, affectés à la surveillance de milieux "subversifs", comme les fondamentalistes islamistes, les groupes violents d’extrême gauche, et autres mouvements "dangereux" pour l’ordre social, venaient d’être affectés à de nouvelles missions, plus discrètes comme la surveillance de l’environnement de certains hommes politiques français. Dans le jargon policier, on appelle ça un "redéploiement" de l’activité… Absurde ? En confidence, ma "gorge profonde" m’avouait même qu’une équipe de policiers était chargée d’une délicate mission : espionner les faits et gestes de Dominique Strauss-Kahn et son entourage, dont, bien sûr, Anne Sinclair.

Abasourdi, je demandai à mon contact si cette opération "Grandes oreilles" était effectuée dans le cadre d’une procédure judiciaire, comme par exemple l’enquête préliminaire déclenchée par la plainte de Tristane Banon contre DSK. La réponse était claire. C’était "non". Il ne s’agissait bien que d’activité de pur "renseignement", hors cadre….

Cette révélation était tellement énorme que je l’avais remisée dans un tiroir. Croyant à un canular ou même à une tentative de désinformation, je l’avais prise à la légère. Et puis surgit l’affaire "Valérie Trierweiler", la compagne du favori des sondages, François Hollande, elle aussi soumise, selon d’autres sources policières, à une petite surveillance digne de la Stasi. Là encore, on se pince pour croire à un tel scénario. On nage en pleine Absurdie. Où est donc l’intérêt d’une telle opération ? Faire la cueillette de ragots ? Déstabiliser le député de Corrèze à travers la femme qui l’accompagne ? Après l‘affaire du scandale des "fadettes" de l’affaire Bettencourt, on pouvait penser que la leçon avait porté et que ce genre de pratique n’était qu’un simple incident. Un accident de parcours ? Cette révélation, encore à vérifier, qui touche la compagne de Hollande, mais aussi la journaliste de "Paris-Match" qu’elle est, me ramenait au témoignage fou sur la surveillance DSK. Concomitance troublante. Faisceau de présomptions, comme disent les magistrats.

Ainsi, il existerait quelque activité trouble au sein des Renseignements Généraux visant à faire de l’intrusion dans la vie privée de personnalités politiques ? Des petits Fouché friands de secrets d’alcôve. Un remake du film culte "La Vie des autres". Cela nous renvoie à de très mauvais souvenirs. A François Mitterrand à l’Elysée se délectant des fiches que lui préparaient déjà les RG au milieu des années 80 sur la vie privée des vedettes de cinéma. Napoléon raffolait, lui aussi, de ces notes confidentielles. Nicolas Sarkozy, dit-on, a une sainte horreur de ces pratiques. Quand il est arrivé au pouvoir, il y a mis fin avec fracas. Et si, au fil des inquiétudes de la campagne électorale, les vieilles habitudes refaisaient surface ? Des flics, sur ordre venu d’en haut, nageant en eaux troubles, celles de l’espionnage de "l’ennemi de l’intérieur"... Allez, positivons, ce n’est peut-être qu’un mauvais rêve, une sale rumeur….

Serge Raffy – Le Nouvel Observateur