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/ #2738 Pourquoi les croisades ont-elles eu lieu. Il faut se le demander n'est-ce-pas?

2016-04-16 01:41

#2729: - Re: Re: RESPECT, AMOUR et TOLÉRANCE se méritent 

 

A l’époque, on ne parlait pas de « croisé », de « croisade », mais de pèlerins, d’expéditions de Jérusalem, de route du sépulcre.

  La présence chrétienne en Terre Sainte est bien antérieure à ces expéditions. Elle remonte évidemment au temps du Christ. A cela s’ajoute les pèlerinages dont la trace la plus ancienne est datée à 333. Au IVème siècle, il existe déjà un nombre important de monastères, d'églises et d'hospices pour accueillir les pèlerins à Jérusalem.  Des régions voisines, comme l’Egypte, l’Afrique du Nord, la Turquie et la Syrie sont par ailleurs des chrétientés très prospères.

Les raisons qui poussaient les chrétiens à partir en pèlerinage étaient les suivantes :

  1. Etre en marche vers une autre vie, s’arracher à soi-même pour suivre quelqu’un d’autre : le Christ.
  2. Une idée de rachat, de pénitence.
  3. Le besoin de voir, de toucher par soi-même les Lieux Saints, la place où le Christ avait vécu. 

  Progressivement, à partir du VIIème siècle, avec l’arrivée de l’islam, les chrétiens vont avoir à subir des exactions. Lorsque celui-ci apparaît, le bassin méditerranéen est en grande partie chrétien depuis plusieurs siècles sans que cela soit dû à la guerre. L’islam en revanche, dès la révélation coranique, part en guerre contre ceux qu'ils considèrent comme infidèles à la nouvelle religion. A la mort de Mahomet en 632, les musulmans contrôlent la moitié de l’Arabie Saoudite. Tombent successivement la Syrie (634-637) Jérusalem (638) l’Egypte (642), les provinces des empires perses et byzantins. L’Afrique du Nord qui compte de très nombreux diocèses est entièrement conquise en 701. Puis, c’est le tour de l’Espagne avec le franchissement de Gibraltar en 711 et des Pyrénées en 717. Suivent encore la Provence (719) et la Bourgogne (725). Partout ce sont destructions d’églises, d’abbayes, pillages de villes, enlèvement de populations livrées à l’esclavage. Dans la même période, la conquête se poursuit jusqu’au nord de l’Inde et aux portes de la Chine (650-700). La Sicile est occupée en 830 et Rome est pillée en 846.

  Les pèlerins qui se rendent en Terre Sainte vont être rançonnés, dépouillés, vendus comme esclaves ou massacrés par les sarrasins. Il faudrait aussi parler de la dhimmitude, situation d’infériorité et de contraintes diverses imposée sur leurs propres terres aux chrétiens vaincus. En 1009, le calife Hakim se met à pourchasser chrétiens et juifs et fait détruire toutes les églises et tous les monastères en Palestine. Le Saint Sépulcre est rasé en 1010. Le massacre de pèlerins le plus important est peut-être celui de 1065. Cette année-là, Gunther, l’évêque de Bamberg en Allemagne emmène 12000 fidèles, la plupart sans armes. Une troupe de bédouins surgit alors et entame un massacre qui durera trois jours.

  En 1071, c’est l’invasion  par les turcs seldjoukides qui s’emparent de l’Arménie. En 1074, les byzantins de plus en plus menacés demandent de l’aide au Pape Grégoire VII. Nicée tombe en 1081, Antioche en 1084.

  C’est par rapport à tous ces évènements qu’il faut comprendre la décision du Pape Urbain II, au Concile de Clermont, en 1095, de lancer un appel  pour la reconquête de la Terre Sainte. La cause des croisades est d’abord humanitaire. C’est un acte de légitime défense. Elles ne sont pas dans leur principe une manifestation d’intolérance ni une guerre sainte dans le but d’imposer la foi aux infidèles, mais bien plutôt une solidarité avec des personnes innocentes opprimées. Que feraient les musulmans si les chrétiens occupaient La Mecque, en interdisaient l’accès aux pèlerins et detruisaient les mosquées?

  Il est important de préciser que si l’islam est parti en guerre « sainte », le djihâd, dès le temps du Prophète, le christianisme n’a jamais repris cette notion à son compte : la guerre est toujours restée incompatible avec le message du Christ. La seule guerre que l’Eglise admette, c’est la « guerre juste », une guerre purement défensive à laquelle on ne peut se résoudre qu’après avoir épuisé tous les autres moyens.