Sauvons la Forêt de Taillard

Certains d' entre-vous ont peut-être pris l' habitude de consulter le site "rte-eco2mix" qui donne les informations de production, consommation, échanges ENTSOE, prix de marché de gros et émissions de CO2, lesquelles varient continuellement. S' ils l' ont fait ces jours derniers, ils ont pu constater les faits suivants, à contre-courant des données habituelles :

- une production couverte en grande partie par du thermique classique, gaz, charbon et même fuel, même si le nucléaire demeure la première source de production, avec 35 000 à 40 000 MW de puissance fonctionnelle,

- des émissions de CO2 qui atteignent des chiffres deux fois plus élevés qu' en période ordinaire, soit entre 80 et 100 grammes/KWh, selon les heures et jours de ce début d' octobre,

- des importations françaises d' électricité, alors que nous étions traditionnellement exportateurs vers les pays voisins, même si, à certaines heures de la journée, nous redevenons exportateurs, en dehors des heures de pointe,

- des prix de gros qui ont remonté très fortement, passant au-dessus de 40, voire 45 euros/MWh en moyenne, soit 50% de plus que durant les derniers mois.

A quoi sont liées ces évolutions, en apparence aberrantes ?

D' abord le retour de températures plus fraîches, qui a entraîné un surcroit de consommation, mais il n' y a rien d' inhabituel à ce niveau. Par ailleurs, la fin de l' été, chaude et sèche, a provoqué un déficit hydraulique qui fait que l' on a dû réduire la pression sur les retenues pour conserver de la marge pour les mois à venir. Ensuite, le recours aux EnR intermittentes n' est pas probant, l' ensoleillement baisse à cette saison, et les vents ne soufflent guère, donc l' éolien ne produit qu' entre 5 et 20 % de la puissance installée, selon les jours et heures. Mais la raison première est ailleurs...

VINGT-TROIS REACTEURS NUCLEAIRES SONT A L' ARRET OU EN SERVICE REDUIT...

Au total, le pays dispose encore de 58 réacteurs, mais 35 seulement peuvent fonctionner à pleine puissance, d' où un niveau compris entre 35 et 40 000 MW sur 63 000 MW de puissance installée totale...

Pourquoi cela ?

Cette situation n' est pas liée, dans la plupart des cas, à une maintenance ordinaire, laquelle se fait essentiellement en été ; il s' agit surtout de contrôles engagés suite à la découverte d' anomalies sur la cuve de l' EPR de Flamanville, et il est apparu nécessaire pour l' ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) d' étendre les vérifications à d' autres centrales potentiellement concernées. 

Cependant, la moitié des réacteurs arrêtés devraient redémarrer dès ce mois-ci, sept devant rester à l' arrêt jusqu' à la fin de l' année, selon les prévisions d' EDF. Mais des arrêts supplémentaires pourraient aussi être nécessaires sur d' autres unités, en rapport avec des problèmes sur les générateurs de vapeur. Dans notre région, les unités concernées sont Tricastin 1 et 3, Bugey 4, Bugey 5 pour une plus longue période, et enfin, s' il y a lieu, pour les générateurs de vapeur, Tricastin 2 et 4. Les autres centrales concernées sont hors région...

LES CONSEQUENCES PREVISIBLES :

La première est d' abord financière, car c' est ce qui provoque la remontée actuelle des prix de gros du MWh, qui pourrait s' accélérer au cours du premier trimestre 2017 et poser des problèmes aux opérateurs, voire entraîner une hausse du KWh pour les consommateurs.

Mais c' est surtout en cas d' importante vague de froid que la situation pourrait devenir critique, allant jusqu' à la nécessité de délester une partie du réseau si les opérateurs ne trouvent pas les MWh nécessaires sur le marché européen. Le passage de l' hiver risque donc d' être très tendu, et il ne faudra pas compter sur la production éolienne et solaire pour nous tirer d' affaire, leurs productions étant marginales en saison d' hiver, surtout s' il y avait un anticyclone sibérien comme en 2012. C' est donc là que l' on mesurerait l' incontournabilité du nucléaire pour la production électrique, ce que même QUADRAN admet...