Sauvons la Forêt de Taillard

RTE a publié ce matin son bilan électrique mensuel, pour septembre 2016 (septembre = 9...). Ce bilan très intéressant est téléchargeable sur le site "rte-eco2mix" à la rubrique "bilans mensuels"...

UNE PRODUCTION ELECTRIQUE ATYPIQUE PAR RAPPORT AUX EQUILIBRES HABITUELS :

- On constate en effet une baisse notable de la production nucléaire, de l' ordre de 15% par rapport à septembre 2015, mais RTE ne nous donne aucune explication à cette "faiblesse", alors que nous savons que cela correspond à l' arrêt total ou partiel de 23 réacteurs sur les 58 existants, j' en avais parlé dans mon blog n° 2436. Ces réacteurs sont en arrêt pour des opérations de contrôle liées à des problèmes de sécurité, à la demande de l' ASN. Certains ne redémarreront qu' à la fin de l' année, voire en 2017, selon EDF...

- La production hydraulique est en léger recul, après 6 mois exceptionnels de production, liée aux pluies printanières.

- Le thermique classique (gaz, charbon et fuel, et les bioénergies) montre une croissance phénoménale de 111 %, par rapport à septembre 2015 : c' est qu' il a fallu s' appuyer massivement sur le thermique, compte tenu de l' absence provisoire de certaines centrales nucléaires et de la carence des autres énergies. Mais la conséquence, c' est un doublement des émissions de CO2, qui sont proportionnelles à l' appui sur le thermique...

- Et les EnR intermittentes alors ? Très bonne performance du PV, grâce à un excellent ensoleillement en septembre, d' où une production en hausse de 15 % par rapport à septembre 2015. Pour l' éolien, c' est le bonnet d' âne : malgré un parc qui a cru de 2000 MW de puissance sur 2 ans, l' éolien connait son plus bas niveau de production depuis 2 ans ! La baisse est même de 35 % par rapport à septembre 2015, qui n' avait rien d' exceptionnel ; et le facteur de charge moyen du parc éolien est tombé à 13 %, ce qui est ridicule !

DES CONSEQUENCES ECONOMIQUES INQUIETANTES...

- C' est tout d' abord une nette remontée des prix de gros de l' électricité, dans toute l' Europe, mais spécifiquement en France. Cette hausse intervient après de longs mois de faibles prix : après 28 euros/MWh en moyenne sur les huits premiers mois de 2016 pour les prix français, septembre 2016 est à 37,2 euros/MWh, ce qui traduit une hausse de 25 % à peu près. Mais ce qui est plus inquiétant, c' est que les prix de la première quinzaine d' octobre ont montré une accélération de la hausse, qui pourrait se confirmer pour les prochains mois et le début de 2017, voire flamber en cas de vague de froid. Une relative pénurie a par exemple fait passer le prix britannique à un niveau jamais atteint les jeudi 15 et lundi 19 septembre (1 100 euros/MWh pendant une durée d' une heure à peu près...). Quelques explications peuvent être données à propos de cette hausse :

       . la fin de la période estivale se traduit toujours par une hausse de la consommation (reprise de l' activité des entreprises, de certains services) ; en outre, septembre a été très chaud, et les climatisations ont tourné à plein régime.

       . il y a eu une hausse des cours des combustibles fossiles, surtout le charbon.

       . la faible production nucléaire créé des tensions sur le marché, par déséquilibre relatif entre consommation et production.

- Les flux européens d' échange d' électricité montre un recul de la france au niveau des exportations, même si nous sommes encore globalement bénéficiaires : le bloc CWE ne nous achète presque plus, mais l' Espagne a eu de forts besoins à cause de l' insuffisance des vents dans la péninsule ibérique. Cependant, là encore, depuis début octobre, la balance commerciale électrique de la France se dégrade, certains jours de la semaine nous sommes devenus importateurs.

Grâce à ce bilan, on voit donc bien que notre marché de l' électricité est conditionné par un nucléaire indispensable, que lorsque celui-ci montre une défaillance, on NE PEUT PAS COMPTER SUR LES ENERGIES INTERMITTENTES, on est obligé de s' appuyer sur le thermique polluant....