SAUVONS LE CENTRE DE SOINS POUR ETUDIANTS ST SERNIN

Praticienne et chercheur en santé au travail

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2015-09-06 22:02

C'est une vision certainement très court terme et très comptable qui préside à cette décision de fermer un centre de soin en santé mentale qui a fait ses preuves en matière de prévention et de soin pour les jeunes étudiants toulousains.

Mais les arguments gestionnaires qui sont avancés (taux de remplissage des lits, manque de normalisation des lieux et des soins) révèlent paradoxalement une incompétence gestionnaire. 

Dans le champ de la santé mentale, le centre de Saint Sernin s'inscrit dans une démarche noble de prévention parce qu'il s'adresse à des jeunes étudiants, dans une logique ouverte et souple. Ce centre produit, au travers de ses équipes, un travail discret et souvent invisible, en amont de décompensations qui pourraient s'avérer beaucoup plus lourdes.

Evidemment ceci n'est pas aussi facilement mesurable qu'un banal taux de remplissage de lit. Mais il faut rappeler que l'art médical et l'efficacité du soin en santé publique ne se mesurent pas à l'aide d'indicateurs aussi réducteurs.

L'utilité du lieu ainsi que sa capacité soignante sont directement indexés à sa discrétion, à son identité propre et la latitude décisionnelle des équipes. Ce qu'en économie on appelle un "investissement immatériel". Le travail de soin fournit par l'équipe est donc un travail inestimable au regard des critères actuels de gestion.

Les conséquences d'une fermeture de ce type de lieu, comme tant d'autres qui œuvrent pour la prévention et le soin des jeunes en général, ne sont jamais visibles immédiatement. Ces conséquences apparaissent progressivement lorsqu'on découvre les effets désastreux du délitement du lien social en matière d'isolement et de violence.