Face à la nécessité des Arméniens de faire reconnaître le Génocide dont ont été victimes leurs ancêtres, l'État turc marque sa volonté d'exposer son explication. Ce qui est tout à fait normal. Mais son argumentaire des "évènements de 1915" s'élabore sur une base qui est celle de la "responsabilité arménienne". Il crée cette responsabilité à partir de la menace que l'Arménien aurait représenté à l'époque des faits: son esprit insurrectionnel, sa collusion avec l'ennemi russe, ses actes terroristes, ses tentatives de session de l'Empire Ottoman. La responsabilité de la victime et les menaces qu'il représente mises en scène, il lui est désormais simple d'expliquer les "évènements de 1915" comme des mesures nécessaires et inévitables prises dans le cadre d'une guerre contre des ennemis intérieurs.

Force est de constater que cet argumentaire est exactement le même qu'a utilisé le gouvernement jeune-turc pour mener à terme le Génocide des Arméniens: la culpabilité initiale de la victime, définie par le futur assassin, devient le mobile de l'action désormais inévitable puisque la victime est perçue comme une menace. Et quand cette menace est devenue vitale, on en est arrivé à l'alternative fatale: "Eux ou nous".

Finalement, le racisme, le discours négationniste et l'essence du crime de génocide ont les mêmes racines.