Refondation de l'école : les dindons prennent la parole

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Laurent

#778 Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Sujet

2012-11-28 02:41

#777: Laurine - Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Sujet

Je ne comprend pas le rapport entre votre question et votre exemple.
Ce n'est pas parce qu'une profession est constitué de passionnés, de gens qui ont la vocation comme on dit que nous devons en abuser si on veut faire autrement.

Je crois qu'il y a des métiers qui demandent de la passion, du don de soit. Des métiers difficiles, qui font porter une lourde responsabilité, qui demande une formation pointue mais aussi une vraie volonté (la passion et/ou la vocation) de l'exercer et qui sont parfois (souvent) ingrat en terme de reconnaissance. Professeur des écoles en est un à mon avis et j'aimerais qu'il le reste (ça ne veut pas dire que je ne souhaite pas une revalorisation du métier à tout point de vu).

Je vous assure qu'en tant que parents, on voit très vite la différence entre celui (ou celle) qui fait ce métier par vocation (j'entend par là, la vraie envie et satisfaction de transmettre et forcément tout ce qui va avec) et celui (ou celle) qui s'est inscrit au CRPE par défaut, ne sachant pas trop quoi faire après quelques années de fac et qui s'est dit: "pourquoi pas, c'est cool, j'aurais mon mercredi, des vacances et la sécurité de l'emploi (ça existe aussi, il y en a même un dans ma famille). 

Et si vous pensez que je ne veux pas reconnaitre aux professeurs des écoles le droit à un traitement raisonnable, c'est que je ne doit pas savoir m'exprimer correctement.

Je connais très bien l'envers du décor de ce métier, j'ai un profond respect pour les enseignants en qui j'ai entière confiance (lorsqu'ils ont la vocation). Je n'interfère jamais dans leur travail (sauf sur le point des devoirs écrits que je refuse par principe, je m'en suis déjà expliqué).

Je redis que je trouve juste dommage que la réponse que vous faite (pas vous en particulier) au travail du mercredi maitin soit de dire que vous en avez marre du bénévolat (ce que je comprend) et que vous n'allez donc plus rien faire d'autre avec les enfants que le strict minimum.
D'où ma question: "quand commence le bénévolat".

Vous êtes la seule à m'avoir répondu en me disant que la durée légale du travail était de 1607 heures par an et qu'au delà c'était du bénévolat, j'ai moi-même dit que compte tenu de la misère de votre salaire, on pouvait considérer que le bénévolat commençait dès la 1200ème heure.

C'est un point de vu de parent. Forcément différent du votre mais acceptable je pense.

Réponses

Didin

#785 Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Sujet

2012-11-28 09:24:20

#778: Laurent - Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Sujet Je crois qu'il y a des métiers qui demandent de la passion, du don de soit. Des métiers difficiles, qui font porter une lourde responsabilité, qui demande une formation pointue mais aussi une vraie volonté (la passion et/ou la vocation) de l'exercer et qui sont parfois (souvent) ingrat en terme de reconnaissance.

Vous avez le droit de le croire, mais cela n'en fait pas une vérité...

Ce qui importe, chez les enseignants comme dans tous les métiers, s'appelle la conscience professionnelle. Et c'est cela qui permet aux élèves de tirer profit de l'enseignement qu'ils reçoivent. Faire référence au "don de soi" permet de faire taire les plus légitimes revendications (et pour vous d'insulter au passage des enseignants dont vous ne connaissez rien de la pratique professionnelle), et ne garantit en rien l'efficience des personnels.

Vos interventions se résument au final à déverser les clichés habituels sur notre profession : "pourquoi pas, c'est cool, j'aurais mon mercredi, des vacances et la sécurité de l'emploi (ça existe aussi, il y en a même un dans ma famille)."

dindondindon

#787 Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Sujet

2012-11-28 09:37:27

#778: Laurent - Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Sujet

Pour moi le bénévolat commence au delà des 35h par semaine (pour un plein temps).

 

Actuellement je travaille : 8h par jour à l'école, soit 32h. + 2h de corrections/préparations chaque soir d'école, soit 8h + environ 6h sur mon we/mercredi pour des recherches et élaboration de projets.

Je travaille environ 25h à chaque petites vacances et au moins une 100aine d'heures l'été, entre rangement de la classe, préparation chaque année de nouveaux projets, formation personnelle à de nouvelles façons d'enseigner pour être plus efficace, pour mieux aider les élèves et la préparation de toute la paperasse administrative de l'école et simplement des préparations de cours.

 

Soit un total sur l'année d'environ : 46 x 36 + 4 x 25 + 100 = 1856 soit plus de 39h par semaine sur 47 semaines.

 

Soit environ 200h de trop... ces 200h sont du bénévolat !

 

Si je retire ces 200h de mon travail ça veut dire que : je ne fais plus de projet différent chaque année, j'étudie tous les ans les mêmes oeuvres, je ne dois pas changer de niveau (sinon là il faut que je fasse des coupes franches dans mes préparations et corrections) et refuser les double-niveaux, je ne me forme plus. Alors je ne ferai plus de bénévolat et j'aurai quand même un salaire de misère et pas les possibilités matérielles de faire mon boulot correctement pour les élèves.

 

Mais alors que deviendra mon boulot ????? Un boulot chiant où je n'aurai plus plaisir à faire des projets pour mes élèves, où je ressortirai tous les ans les mêmes choses... finalement comme la majorité des enseignants du secondaire qui réutilisent tous les ans les mêmes cours et mêmes contrôles en modifiant quelques petits trucs.

 

Ben moi ça ne me plaît pas... et je préfère démissionner, me reconvertir, me mettre en dispo que de devoir bosser encore plus (car une demi journée de plus va forcément apporter du boulot en plus dans le sens qu'on aura de l'accueil avant, après la classe en plus et aussi des we amputés en plus à cause des réanimations pédagogiques qui ne servent à rien etc...) ou beaucoup moins bien.

 

Je fais mon boulot avec des heures bénévoles sans rechigner, mais pour quel soutient des parents ?? pour quel retour des enfants ? et surtout pour quel reconnaissance au niveau de la France ?

 

Temps de travail énorme, salaire de misère, pas de considération, conditions de travail qui se détériorent...

 

Je trouve juste ça lamentable.

Laurine

#795 Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Sujet

2012-11-28 11:58:59

#778: Laurent - Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Sujet 

 Si un métier est difficile, c'est bien que l'on veut le laisser comme tel.

Qui empêche de créer une médecine du travail identique au secteur privé dans l'En ? Combien d'année a-t-il fallu attendre pour voir un CHSCT ? Qui empêche de créer des postes par milliers pour plafonner les effectifs dans toutes les  classes (et pas seulement en cp ou en zep) comme cela a été choisi dans certains pays ? Qui empêche de couper dans les dépenses sociales (la France est un des pays les plus généreux en la matière) pour retrouver des marges et mieux payer les enseignants ?

Qui empêche de décrêter que les enseignants ont comme tout travailleur droits aux 35h  et donc qu'au bout de ce temps ils peuvent laisser tomber leurs préparations ou corrections ?

L'exemple que j'ai pris concernant la médecine avait pour but de montrer que lorsque l'on veut faire des économies il est plus facile de dire à la minorité concernée "puisque vous avez choisi ce métier "par vocation", c'est normal que vos conditions de travail ne soient pas bonnes. Vous n'avez pas à vous plaindre".

Alors que ces conditions de travail peuvent aisément être améliorées à la condition que l'on fasse payer la population via les impôts.*Ce qui est toujours difficile à faire passer (électoralement parlant) comme message à des millions de personnes...


Visiteur

#991 Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Sujet

2012-12-01 11:33:22

#778: Laurent - Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Sujet :  quand commence le bénévolat

Lorsqu'on doit assurer le service 10 min le matin et 10 min l'après-midi pour accueillir les élèves avant que les cours ne commencent, n'est-ce pas du bénévolat ? En effet, ces 20 min ne sont pas comptabilisés dans nos 26 h de service devant les élèves . Et pourtant, nous sommes obligés d'assurer ce service  ; cela représente 1H20 par semaine de service obligatoire non comptabilisé en plus des 26 h pour les instits de maternelle qui, elles, sont obligés d'assurer tous les services ( cela représentera 1H30 de service non payé lors du passage à la semaine de 4,5 jours).

Ces services obligatoires (mais non payés)  pourraient être comptabilisés dans la 24 ème heure.

Ce qui est moche, c'est qu'avant, je ne me posais pas du tout ce genre de question.  J'avais une mission , et j'y mettais tout mon cœur  pour pouvoir accomplir cette mission au mieux. Mais à force de nous prendre pour des dindons, on finit par ouvrir les yeux et à se sentir contraints de revendiquer des conditions de travail correctes qui sont tout à fait légitimes pour les salariés mais que certains considèrent comme étant bassement matérialistes de la part des enseignants (ceux-ci travaillant pour les enfants et par vocation).